Comment A Summer’s End – Hong Kong 1986 m’a profondément affecté

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Salut tout le monde. Ici Klebs et aujourd’hui, je vais vous parler d’un jeu que j’ai découvert par hasard sur les réseaux sociaux. Ce jeu s’intitule A Summer’s End – Hong Kong 1986 par le studio indépendant canadien Oracle & Bone. Ce n’est pas dans mon habitude d’évaluer un jeu et d’y donner une note donc mon approche va être différente. Mon but est d’expliquer en quoi ce jeu m’a influencé. Avant de poursuivre, sachez que le jeu dont il est question traite de sujets liés à la communauté LGBT et contient du contenu pour adultes de nature explicite donc c’est uniquement pour un public adulte averti.

 

Ce qui m’a initialement attiré vers ce jeu

Toujours à l’affût d’annonces de nouveaux jeux sur Linux, je suis tombé par hasard sur cet article de Linux Gaming Consortium. Bien que mon expérience avec les romans vidéoludiques (ou visual novel en anglais) se limite avec la série Phoenix Wright de Capcom sur les consoles portables de Nintendo, Snatcher de Konami sur Sega CD/Mega CD et Cinders de MoaCube sur Windows avec Wine, plusieurs éléments ont capté mon attention.

Le style artistique

Tout d’abord, le style artistique de ce jeu par la talentueuse Tida Kietsungden s’est démarqué des autres romans vidéoludiques par sa qualité. Déjà que la majorité de ces jeux utilise un style pseudo-animé de niveau relativement moyen, celui-ci ne m’a pas autant donné l’impression de faire comme les autres. En effet, les visages ont des traits un peu plus réalistes, les personnages paraissent mieux proportionnés sur le plan physique et le choix général de couleur orienté vers le néon donne ce sentiment que l’histoire a vraiment eu lieu dans les années 80. Cet dernier aspect mène d’ailleurs à mon prochain point: l’époque.

L’époque

Etant né durant les années 80, c’est une décennie que j’associe fortement à une période innocente et nostalgique de ma vie même si mes souvenirs demeurent relativement flous. Je chéris particulièrement cette époque où la plupart de mes grands-parents étaient encore de ce monde et beaucoup de mes oncles et tantes étaient encore des adolescents et jeunes adultes découvrant la vie. Revenir aux années 80 même pour un court moment ne pouvait donc qu’être une expérience que je désirais revivre.

La musique

Normalement, quand un jeu capte assez mon attention, j’attends qu’il sorte, que le prix ait énormément baissé et que les critiques soient très positives avant d’y jouer. Pourquoi donc l’ai-je acheté à plein prix sans attendre l’opinion du public et ce, dès le jour de sa sortie? La réponse se trouve dans cette bande-annonce.

La dernière pièce de ce puzzle représentant mon attachement aux années 80 est sans aucun doute la musique. New wave, city pop, synthpop… ces styles représentent si bien toute une décennie que les premières notes de cette bande-annonce m’ont convaincu de mettre mes habitudes de côté et me procurer ce jeu le jour même de sa sortie, que ça soit sur Steam ou Itch.

 

De quoi ça parle et comment ça se joue

Comme son titre l’indique, A Summer’s End – Hong Kong 1986 se passe à Hong Kong durant l’été de 1986. L’histoire se centre autour de deux femmes totalement différentes: Michelle Cheung et Sam Wong. Michelle vit avec sa mère, travaille au bureau et mène une vie rangée et ordinaire qui répond aux normes de la société hongkongaise de l’époque. Sam, quant à elle, réside seule dans un petit appartement, possède sa propre boutique de vidéos et mène une vie plus épanouie mais moins conventionnelle. Elle et Michelle se croisent par pur hasard et bien qu’elles soient diamétralement opposées, cela chamboule leur vie à jamais et la conclusion de leur histoire dépend du joueur.

Si les histoires d’amour vous intéressent mais que les scènes plus osées vous font rougir, sachez que la version non censurée est facultative et disponible sous forme de patch qui doit aussi être activé manuellement (voir Passion Patch dans l’écran des paramètres).

Comme un roman vidéoludique typique, il y a beaucoup de textes à lire et assez peu d’interactions de la part du joueur à part faire un choix de temps en temps pour guider l’histoire. Là où le jeu se démarque des autres romans vidéoludiques de type romantiques à part le fait que c’est entre deux femmes, c’est que le personnage principal (Michelle) a la possibilité d’être en couple avec une seule personne potentielle (Sam) d’où l’existence de seulement deux fins possibles. D’après ce que j’ai compris, il existe un système invisible de points qui s’accumulent en fonction des choix du joueur menant à une ou deux fins possibles.

La trame sonore vient de trois artistes talentueux qui sont aussi présents sur Bandcamp: Timecop1983, Stevia Sphere et Crystal Cola. Voici d’ailleurs une des chansons de Crystal Cola qui est incluse dans le jeu:

 

Ce que j’ai retenu de ce jeu

Les droits de la communauté LGBT en Asie durant les années 80

Je connais des personnes homosexuels mais normalement, j’entends leur témoignage dans le contexte actuel où ils sont mieux traités que dans le passé. C’est pour ça que revoir tout ça mais plus de 30 ans en arrière m’a fait réaliser que même si le monde a changé depuis dans certains aspects, il n’a pas tant changé que ça dans d’autres. Nous vivons dans une société où nous nous attendons à ce que les gens vivent selon des normes spécifiques. Bien que Michelle suive rigoureusement ces règles, ce n’est pas le cas de Sam qui vit en ses termes ce qui est assez peu commun à cette période.

Pour mieux comprendre la différence, il faudrait obtenir les deux fins du jeu. L’une est souhaitable tandis que l’autre est réaliste. Aussi, l’une est plus longue tout en étant floue tandis que l’autre est plus expéditive mais plus claire. Je ne peux rien dire de plus sans dévoiler des moments clés de l’histoire.

Les années précédant la rétrocession de Hong Kong à la Chine

Je me souviens avoir vu Le Syndicat du crime (A Better Tomorrow) de John Woo qui, comme par hasard, est sorti en été 1986. Dedans, les personnages ont brièvement mentionné la rétrocession de Hong Kong à la Chine. C’est à ce moment que j’ai compris que les Hongkongais pensaient déjà à leur avenir bien avant ce jour historique qu’est le 1er juillet 1997. Dans A Summer’s End – Hong Kong 1986, même si ce sujet ne constituait pas le thème principal de l’histoire, cela a fait partie des discussions entre Michelle et Sam où chacune donnait son opinion et sa prévision de ce que cela pourrait représenter pour les Hongkongais. Maintenant que ça fait plus de 20 ans depuis la rétrocession, nous pouvons constater qu’il existe encore deux camps: les gens satisfaits avec le statut quo et ceux qui voudraient le changer.

 

Devriez-vous jouer à ce jeu?

Si vous voulez vous transporter à une époque pré-Internet, aimez la musique des années 80 ou faites partie des gens qui croient que l’amour entre deux individus est universel peu importe leur identité, je vous recommande ce jeu fortement. Aussi, si comme moi, vous avez tendance à attendre que le jeu se retrouve à 75% de rabais avant de l’acheter, peut-être que cette chanson de Timecop1983 vous incitera à vous le procurer un peu plus tôt:

Les développeurs chez Oracle & Bone ont déjà exprimé dans cet article leur désir d’ajouter des voix en cantonais pour une expérience plus immersive. Une version française pourrait aussi possiblement voir le jour d’après cette publication sur Twitter:

Si assez de gens achètent le jeu, je crois que tout ceci arrivera plus tôt qu’on ne le pense donc pour ceux et celles qui l’essaieront, n’ayez pas peur de partager vos impressions avec le monde.

N’hésitez pas à me faire part de vos questions et commentaires sur Twitter et Mastodon.

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Merci d’avoir lu et à la prochaine.

 

Oracle & Bone (studio) : site web

Tida Kietsungden (direction artistique) : site web

Timecop1983 (musique) : Bandcamp

Stevia Sphere (musique) : Bandcamp

Crystal Cola (musique) : Bandcamp

 

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